(extraits) TELERAMA 34/30 janvier 2009 en kiosque ! à achetez d'urgence
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Marc CREPON (philosophe) : "La culture de la peur pourrait être la suivante : comment être sûr que les mesures de sécurité qui sont prises pour répondre aux présupposées peurs des citoyens ne portent pas en elles une insécurité plus grave encore que celles qu'elles prétendent combattre ?"
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Comme ministre de l'intérieur et président, il est à l'origine de 21 loi et de 21 décrets relatifs à la sécurité. Un empilement qui brasse tous azimuts - de la délinquance juvénile au terrorisme, en passant par les crimes des déséquilibrés - et qui privilégie presque toujours le contrôle et l'enfermement au lieu de l'éducation et de la réinsertion. Le message aux juges et aux policiers est limpide -on enferme !-, et les effets mesurables :
- + 67% de gardes à vue entre 2001 & 2007
- 9001 condamnations appliquant la peine minimale - "peines planchers-
- judiciarisation à gogo des infractions commises par des mineurs...
- 1 an de prison pour le vol d'une bouteille de pastis
- 12 000 euros d'amende pour avoir installé sur la voie publique des tentes à l'intention des SDF ...
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l'année 2008 laissera un souvenir amer à beaucoup trop de monde :
- collégiens de Marciac (Gers) "reniflés"
- ancien directeur de Libé Vittorio de Filippis
- photographe de l'AFP Jean-philippe Ksiazek dont le travail a été effacé par des policiers lors d'une manif de lycéens à Lyon
- Julien Coupat & Yldune Lévy qualifiés de terroristes à la va-vite
http://latelelibre.fr/index.php/2009/01/yldune-liberation-dune-terroriste/
- Hervé Eon, condamné aprés qu'il eut écrit ""casse-toi pov'con" sur une banderole, pour outrage (et non plagiat, alors qu'il reprenait les propos du président au salon de l'agriculture en 2007)
- et tous les indésirables que N. Sarkosy n'en finit plus de désigner : prostitués, sans papiers, jeunes des cités, de 12ans, malades mentaux, SDF...
Le cercle s'élargit au grès des faits divers...
- 3 profs de philo dans un avion à destination de Kinshasa : 1 débarqué manu militari & les deux autres envoyés 10h en garde à vue à leur retour ... parcequ'ils ont décidé d'interroger les policiers qui "raccompagnaient" au Congo des sans-papiers...
- les prisons françaises épinglées à la fois par les nations unies et le Conseil de l'Europe...
Marc CREPON (dans son essai) "Le problème avec toute culture de la peur[...] c'est qu'elle n'est jamais totalement dissociable d'une culture de l'ennemi."
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et tant pis si les risques d'être assassiné en France par un malade mental sont infiniment moins grands que ceux d'être dézingué par son voisin de palier :
- Rapport de la commision Violence et santé : en 2005, sur 51 411 personnes mises en examen dans des affaires pénales, 212 ont bénéficié d'un non-lieu pour irresponsabilité pénale, c'est à dire 0.4% des crimes et délits... En revanche, la prévalence des crimes violents contre des patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante que celle qui s'exerce contre la population générale. "En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant la maladie mentale à la délinquance, est justifié un plan de mesures sécuritaires inacceptables". dit Michaël Guyader ("résistant" psychiatre -chef de service à l'hôpital psychiatrique de l'Essone- voir "appel des 39" http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitions/index.php?petition=1 ).
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Frédéric, comité de soutien des inculpés de Tarnac : "Lorsque vous vous donnez comme impératif de gérer les événements avant qu'ils se produisent et que vous vous fixez comme objectif l'insécurité zéro, c'est toute la population qui devient potentiellement dangereuse".
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cette politique sécuritaire ne marche pas :
- selon l'Observatoire national de la délinquance, les violences sur personnes ont augmenté de 2,4% en 2008 -globalement elle a baissé grâce à la diminution des vols-, comme elles n'ont cessé de le faire entre 2001 et 2007. Cette surenchère pénale est d'autant moins pardonnable que le gouvernement est parfaitement informé de l'inefficacité de certaines mesures. Un seul exemple : en 2005, l'ancien garde des Sceaux, Dominique Perben, a commandé une étude sur l'effet des peines planchers sur la récidive. Elections obligent, le rapport à finalement été remis, en juin 2007, à Rachida Dati -Rapport de la commission d'étude et de suivi de la récidive, 28 juin 2007-. Verdict ? "Notre avis ne souffrait aucune ambiguïté, raconte le sociologue Sébastian Roché, qui a participé à ce travail. Nous avons informé le ministre que ces peines n'avaient pas l'efficacité qu'on leur prêtait et qu'on pouvait en mesurer l'inefficacité. Ceux qui pensent qu'on améliore la sécurité du citoyen en punissant plus longtemps se trompent. C'est même le contraire qui est vrai : ces peines poussent les jeunes dans une délinquance au quotidien." Roché n'a plus jamais entendu parlé de cette étude et notre courriel à la garde des Sceaux est resté sans réponse. Le 10 Août 2007, la loi sur les peines planchers a été voté au parlement.
Et si la lutte contre l'insécurité n'était qu'un objectif marginal de cette politique sécuritaire ? Si l'objectif principal était, en fait, ce que le sociologue Laurent Mucchielli appelle le contrôle social ?
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Benjamin Franklin :
"Ceux qui sont prêt à abandonner un peu de leurs libertés fondamentales en échange d'un peu de sécurité illusoire ne méritent ni les unes, ni l'autre."
On peut donc s'indigner. Refuser la norme, s'accrocher ... à nos libertés.
Olivier PASCAL-MOUSSELLARD
des portraits de "résistants" :
Arrow Michaël GUYADER psychiatre
Arrow Anne de Blic, parent d'élèves
Arrow Roland Gatti, policier à la retraite
Arrow un article de Robert BADINTER avant cet article : "Nous vivons dans une monocratie"
des portraits de "résistants" :
Michaël GUYADER psychiatre
Anne de Blic, parent d'élèves
Roland Gatti, policier à la retraite
un entretien avec Robert BADINTER précède cet article : "Nous vivons dans une monocratie"
Je me souviens de ce mot d'un homme politique italien : “Quand on ne sait pas quoi faire, on fait une loi, çà ne coûte pas cher et çà fait plaisir. Que ce soit efficace, c'est une autre question.””
On passe d'une justice de liberté à une justice de “sureté”. C'est une dérive inquiétante.
…
quand j'entend les paroles élyséenne, je sais ce que sera la loi.
Et celà me rappelle l'axiome de l'ancienne monarchie : “Cy veut le roi, cy fait la loi”
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Marc CREPON (philosophe) : "La culture de la peur pourrait être la suivante : comment être sûr que les mesures de sécurité qui sont prises pour répondre aux présupposées peurs des citoyens ne portent pas en elles une insécurité plus grave encore que celles qu'elles prétendent combattre ?"
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Comme ministre de l'intérieur et président, il est à l'origine de 21 loi et de 21 décrets relatifs à la sécurité. Un empilement qui brasse tous azimuts - de la délinquance juvénile au terrorisme, en passant par les crimes des déséquilibrés - et qui privilégie presque toujours le contrôle et l'enfermement au lieu de l'éducation et de la réinsertion. Le message aux juges et aux policiers est limpide -on enferme !-, et les effets mesurables :
- + 67% de gardes à vue entre 2001 & 2007
- 9001 condamnations appliquant la peine minimale - "peines planchers-
- judiciarisation à gogo des infractions commises par des mineurs...
- 1 an de prison pour le vol d'une bouteille de pastis
- 12 000 euros d'amende pour avoir installé sur la voie publique des tentes à l'intention des SDF ...
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l'année 2008 laissera un souvenir amer à beaucoup trop de monde :
- collégiens de Marciac (Gers) "reniflés"
- ancien directeur de Libé Vittorio de Filippis
- photographe de l'AFP Jean-philippe Ksiazek dont le travail a été effacé par des policiers lors d'une manif de lycéens à Lyon
- Julien Coupat & Yldune Lévy qualifiés de terroristes à la va-vite
http://latelelibre.fr/index.php/2009/01/yldune-liberation-dune-terroriste/
- Hervé Eon, condamné aprés qu'il eut écrit ""casse-toi pov'con" sur une banderole, pour outrage (et non plagiat, alors qu'il reprenait les propos du président au salon de l'agriculture en 2007)
- et tous les indésirables que N. Sarkosy n'en finit plus de désigner : prostitués, sans papiers, jeunes des cités, de 12ans, malades mentaux, SDF...
Le cercle s'élargit au grès des faits divers...
- 3 profs de philo dans un avion à destination de Kinshasa : 1 débarqué manu militari & les deux autres envoyés 10h en garde à vue à leur retour ... parcequ'ils ont décidé d'interroger les policiers qui "raccompagnaient" au Congo des sans-papiers...
- les prisons françaises épinglées à la fois par les nations unies et le Conseil de l'Europe...
Marc CREPON (dans son essai) "Le problème avec toute culture de la peur[...] c'est qu'elle n'est jamais totalement dissociable d'une culture de l'ennemi."
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et tant pis si les risques d'être assassiné en France par un malade mental sont infiniment moins grands que ceux d'être dézingué par son voisin de palier :
- Rapport de la commision Violence et santé : en 2005, sur 51 411 personnes mises en examen dans des affaires pénales, 212 ont bénéficié d'un non-lieu pour irresponsabilité pénale, c'est à dire 0.4% des crimes et délits... En revanche, la prévalence des crimes violents contre des patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante que celle qui s'exerce contre la population générale. "En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant la maladie mentale à la délinquance, est justifié un plan de mesures sécuritaires inacceptables". dit Michaël Guyader ("résistant" psychiatre -chef de service à l'hôpital psychiatrique de l'Essone- voir "appel des 39" http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitions/index.php?petition=1 ).
...
Frédéric, comité de soutien des inculpés de Tarnac : "Lorsque vous vous donnez comme impératif de gérer les événements avant qu'ils se produisent et que vous vous fixez comme objectif l'insécurité zéro, c'est toute la population qui devient potentiellement dangereuse".
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cette politique sécuritaire ne marche pas :
- selon l'Observatoire national de la délinquance, les violences sur personnes ont augmenté de 2,4% en 2008 -globalement elle a baissé grâce à la diminution des vols-, comme elles n'ont cessé de le faire entre 2001 et 2007. Cette surenchère pénale est d'autant moins pardonnable que le gouvernement est parfaitement informé de l'inefficacité de certaines mesures. Un seul exemple : en 2005, l'ancien garde des Sceaux, Dominique Perben, a commandé une étude sur l'effet des peines planchers sur la récidive. Elections obligent, le rapport à finalement été remis, en juin 2007, à Rachida Dati -Rapport de la commission d'étude et de suivi de la récidive, 28 juin 2007-. Verdict ? "Notre avis ne souffrait aucune ambiguïté, raconte le sociologue Sébastian Roché, qui a participé à ce travail. Nous avons informé le ministre que ces peines n'avaient pas l'efficacité qu'on leur prêtait et qu'on pouvait en mesurer l'inefficacité. Ceux qui pensent qu'on améliore la sécurité du citoyen en punissant plus longtemps se trompent. C'est même le contraire qui est vrai : ces peines poussent les jeunes dans une délinquance au quotidien." Roché n'a plus jamais entendu parlé de cette étude et notre courriel à la garde des Sceaux est resté sans réponse. Le 10 Août 2007, la loi sur les peines planchers a été voté au parlement.
Et si la lutte contre l'insécurité n'était qu'un objectif marginal de cette politique sécuritaire ? Si l'objectif principal était, en fait, ce que le sociologue Laurent Mucchielli appelle le contrôle social ?
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Benjamin Franklin :
"Ceux qui sont prêt à abandonner un peu de leurs libertés fondamentales en échange d'un peu de sécurité illusoire ne méritent ni les unes, ni l'autre."
On peut donc s'indigner. Refuser la norme, s'accrocher ... à nos libertés.
Olivier PASCAL-MOUSSELLARD
des portraits de "résistants" :
Arrow Michaël GUYADER psychiatre
Arrow Anne de Blic, parent d'élèves
Arrow Roland Gatti, policier à la retraite
Arrow un article de Robert BADINTER avant cet article : "Nous vivons dans une monocratie"
des portraits de "résistants" :
Michaël GUYADER psychiatre
Anne de Blic, parent d'élèves
Roland Gatti, policier à la retraite
un entretien avec Robert BADINTER précède cet article : "Nous vivons dans une monocratie"
Je me souviens de ce mot d'un homme politique italien : “Quand on ne sait pas quoi faire, on fait une loi, çà ne coûte pas cher et çà fait plaisir. Que ce soit efficace, c'est une autre question.””
On passe d'une justice de liberté à une justice de “sureté”. C'est une dérive inquiétante.
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quand j'entend les paroles élyséenne, je sais ce que sera la loi.
Et celà me rappelle l'axiome de l'ancienne monarchie : “Cy veut le roi, cy fait la loi”